Quand la passion devient suspecte :

le cas d’une sanction de l’ONEm

Il y a plus de quinze ans, j’ai découvert la photographie.
Au fil du temps, elle est devenue bien plus qu’un simple passe-temps : une passion, un moyen d’expression, une manière de rencontrer des gens, de créer, de partager.
Mais aujourd’hui, cette passion vient d’être jugée comme une activité professionnelle dissimulée par l’ONEm et le Tribunal du travail de Liège.

Un jugement lourd pour une passion exercée librement

Après dix-huit mois de procédure, le Tribunal du travail a rendu son verdict :
je suis condamné à rembourser 48 410,27 € d’allocations de chômage, et à subir 15 semaines d’exclusion.
La sanction initiale de 26 semaines a été réduite, mais le fond reste inchangé.

Selon mon avocate, la voie d’appel serait probablement peu favorable, car la jurisprudence actuelle peine à comprendre la réalité du monde artistique amateur.

Une incompréhension du monde de la photographie

L’ONEm et le Tribunal estiment que ma présence sur les réseaux sociaux, mes sites internet et la régularité de mes publications prouvent que j’exerce une activité lucrative.
Ils jugent “impossible” qu’un photographe réalise autant de séances sans être rémunéré.

Pourtant, ce qui est visible en ligne n’est pas une entreprise commerciale.
C’est à la fois mon hobby, ma façon de progresser, et aussi ma recherche de visibilité professionnelle pour trouver, un jour, un emploi légal dans ce domaine.
Dans un monde connecté, partager son travail fait partie du processus artistique.

Mais l’ONEm et le Tribunal n’arrivent pas à comprendre qu’on puisse photographier gratuitement, par plaisir, par passion, et simplement pour faire plaisir aux autres.
Cette vision réductrice nie la dimension humaine et sociale de l’art amateur.

Un parcours honnête

Durant la période concernée, j’ai suivi plusieurs formations reconnues (infographie, web, communication numérique, design graphique).
J’ai cherché activement du travail et réalisé mes séances principalement les week-ends et jours fériés, sans jamais empiéter sur ma disponibilité.

Chaque prestation rémunérée a été déclarée via Smart, en toute transparence. J’ai toujours répondu aux convocations, fourni des preuves et des témoignages. Malgré tout, mes explications ont été rejetées comme “non crédibles”.

La logique semble simple :

“S’il y a visibilité, il y a activité. S’il y a activité, il y a argent. Et s’il y a argent, il y a fraude.”

Une équation injuste et déconnectée du monde réel — celui de milliers d’artistes, de bénévoles et de passionnés qui donnent sans rien attendre en retour.

Un problème plus large que mon cas personnel

Cette décision pose une question fondamentale :
un chômeur a-t-il encore le droit d’avoir une passion visible ?
Peut-on encore créer, apprendre, publier et partager sans être suspecté d’en tirer profit ?

Aujourd’hui, c’est un photographe amateur qu’on sanctionne.
Demain, ce sera peut-être un musicien, un peintre, un écrivain, ou un artisan passionné.
Le message envoyé est inquiétant : être actif, visible et créatif devient un risque.

Une démarche de solidarité

Pour faire face à cette situation financière insurmontable, je pense lancer une cagnotte participative.
Elle visera d’abord à m’aider à assumer le remboursement imposé, mais aussi à sensibiliser à cette réalité absurde qui touche de plus en plus d’artistes amateurs.

Si, un jour, la somme récoltée devait dépasser le montant demandé, le surplus sera reversé à des associations locales qui me tiennent à cœur :
– le RPC Zoom, mon ancien club photo,
– Natagora,
– ou le Foyer Culturel de Sprimont.

Cette démarche, avant tout humaine, voudra transformer une injustice en un élan de solidarité.

Plus d’infos dans les semaines à venir…

En conclusion

Je ne cherche pas la polémique, seulement la reconnaissance d’une évidence : la passion n’est pas un délit.

Créer, partager, apprendre, aider les autres — tout cela ne devrait pas être suspect.
Mon histoire n’est qu’un exemple parmi d’autres, mais elle soulève une question essentielle :
si exprimer une passion devient un risque, que restera-t-il de la liberté de créer ?

ONEm
agences
Justice
Cagnotte

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